Chaque samedi, FootLégende vous propose de replonger dans la légende du football en y puisant un match ou une action passés à la postérité. Aujourd’hui : la tragédie brésilienne du Mondial 1950…
Les jeunes Brésiliens n’ont pas fini de pleurer l’humiliation (7-1) vécue face à l’Allemagne en demi-finale de la Coupe du monde 2014. Mais cette fessée monumentale n’est sans doute pas la pire des désillusions subies par le pays cinq fois étoilé, qui n’avait alors toujours pas digéré celle de 1950. Devant 173 850 spectateurs massés dans le mythique stade Maracana construit pour l’occasion, le 16 juillet résonne encore aujourd’hui comme un deuil national.
Le Brésil était certain d’être champion
Lors de cette édition, le tour final s’est disputé sous la forme d’un groupe impliquant quatre nations (la Suède et l’Espagne complétaient le tableau). Le dernier match sonnait comme une finale puisqu’il opposait les deux premiers du groupe : le Brésil et l’Uruguay. Pour remporter le trophée Jules Rimet, les Auriverde (qui possédaient un point d’avance sur leur adversaire du jour) devaient ne pas perdre. Sur leur sol et portés par toute une nation, d’un optimiste aussi exacerbé que fatal, l’affaire semblait réglée. Après douze ans d’interruption provoquée par la seconde Guerre mondiale, ce Mondial du renouveau ne pouvait pas leur échapper. Du moins le croyaient-ils…
Face à la Celeste déjà couronnée en 1930, les observateurs s’accordaient à dire que son équipe était la meilleure du moment et le Brésil pensait avoir déjà décroché son premier titre mondial. La presse avait préparé ses gros titres à l’avance, le fondateur de la compétition et président français de la FIFA, Jules Rimet avait écrit son discours de félicitations, et les supporters étaient certains d’assister au sacre de leur Seleçao.
Le rêve tourne au cauchemar
Le premier but du match, inscrit par Friaça à la 47e minute, les conforta un peu plus dans leurs certitudes. Juan Schiaffino ramenait toutefois quelques nuages dans le ciel de Rio en égalisant à la 66e minute. Mais à cette heure-là, les Auriverde étaient toujours virtuellement champions. Le ciel allait bientôt s’écrouler. A la 79e minute, Alcides Ghiggia assommait le Maracana en donnant l’avantage à l’Uruguay. Le stade plongeait dans le silence et le désarroi. Stupéfaits, les Brésiliens ne s’en sont jamais remis.
Une véritable tragédie nationale
Ce choc terrible plongea le pays dans la détresse. Au coup de sifflet final, l’abattement des joueurs était terrible, comme celui des supporters. L’un d’eux se suicida, trois autres moururent d’une crise cardiaque. Pendant deux ans, l’équipe du Brésil ne joua plus aucun match, et il fallait attendre quatre ans pour la voir refouler la pelouse du drame. Elle décida par ailleurs de brûler le maillot blanc qui lui avait servi lors de ce Mondial, et d’adopter le jaune et vert qu’elle porte encore aujourd’hui.
Le pauvre gardien Barbosa, considéré comme le responsable numéro un de la défaite, en a subi de lourdes conséquences jusqu’à son décès en avril 2000. Ce match, surnommé le Maracanazo, est considéré comme une véritable tragédie nationale qui a eu un impact psychologique durable sur le peuple brésilien. Les cinq sacres acquis depuis, n’ont pas permis de refermer complètement la plaie.
La feuille de match
Brésil – Uruguay : 1-2
Coupe du monde / 16 juillet 1950
Stade Maracana / Rio de Janeiro
Buts : Friaça (47e) – Schiaffino (66e), Ghiggia (79e)
Brésil : Barbosa – Juvenal, Augusto – Bigode, Danilo, Bauer – Chico, Jair, Zizinho, Friaça – Ademir. Sélectionneur : Flavio Costa
Uruguay : Maspoli – Matias Gonzalez, Eusebio Tejera – Schubert Gambetta, Obdulio Varela, Victor Rodriguez Andrade – Alcides Ghiggia, Julio Perez, Juan Alberto Schiaffino, Ruben Moran – Oscar Miguez. Sélectionneur : Juan Lopez Fontana
Pour voir les stats officielles du match sur le site de la FIFA, cliquez ici.
Paradise Lost, un film sur le match Brésil – Uruguay 1950
Le résumé du match
