Chaque samedi, FootLégende vous replonge dans la légende du football en y puisant un match ou une action passés à la postérité. Aujourd’hui : le duel étourdissant France – RFA 1982 qui a fait rire et pleurer plus d’un supporter tricolore.
Guidée par un grand meneur de jeu, Michel Platini, l’équipe de France aborde le Mondial 1982 avec l’ambition de réussir un gros coup. Mais en Espagne, le premier tour donne chaud, très chaud même, au sélectionneur Michel Hidalgo. D’entrée de jeu, les Bleus sont anesthésiés par l’Angleterre (1-3). Fort heureusement, les Tricolores affrontent ensuite le Koweït qui est, à contrario des Three Lions, tout sauf un épouvantail (4-1). Le dernier match face à la Tchécoslovaquie est décisif pour la qualification. Les Bleus obtiennent un match nul (1-1) sans avoir vraiment rassuré leurs supporters. Hasard du calendrier, ou presque, les Français héritent d’une place dans le Groupe 4 lors du second tour avec l’Autriche et l’Irlande du Nord. Cette configuration spéciale oblige chaque sélection à finir en tête de la poule pour se qualifier en demi-finales. Autrement dit, un faux pas est quasiment synonyme d’élimination.
D’entrée de jeu, Michel Platini et ses troupes prennent le dessus sur l’Autriche (1-0) avant de torpiller l’Irlande du Nord (4-1). Les dés sont jetés : la France fera partie du dernier carré de la compétition tout comme lors du Mondial… 1958. En demi-finales, les Bleus devront en découdre avec l’Allemagne de l’Ouest (RFA) qui est une équipe redoutable (Schumacher, Breitner, Littbarski, Fischer, Magath, Rummenigge…) qui vise le sacre planétaire. Le 8 juillet 1982, l’escouade tricolore se trouve donc au Stade Sánchez Pizjuán de Séville afin de tenter de composter son ticket, pour la première fois de son histoire, en finale de la Coupe du monde. Les deux sélections affichent un style diamétralement opposé. A la rigueur et à la puissance physique des Allemands s’oppose le football léché des Français qui sont même comparés, par certains observateurs, aux Brésiliens. Dès le coup d’envoi, la Nationalmannschaft met la pression aux hommes de Michel Hidalgo qui ont énormément de mal à entrer dans leur match.
La douche froide allemande
Après avoir expédié un coup-franc sur la barre de Jean-Luc Ettori, Pierre Littbarski ouvre le score à la 17e minute de jeu suite à une sortie du gardien français au-devant de Klaus Fischer (0-1). Ce but allemand est un déclic pour les Tricolores qui commencent à redresser la barre. Ils incitent les Allemands à jouer bas et surtout à commettre de plus en plus de fautes. A la 27e minute, Bernd Förster en commet une grossière sur Dominique Rocheteau dans la surface de réparation. Sans se faire prier, Michel Platini transforme ce coup de pied arrêté et relance les Bleus (1-1). Au retour des vestiaires, ce sont plutôt les joueurs français qui ont le vent en poupe comme on dit. Ils se voient refuser un but à la 53e minute de jeu avant d’assister au fameux attentat de Harald Schumacher sur Patrick Battiston. Bien lancé dans l’axe du but par Michel Platini, le défenseur qui a remplacé Bernard Genghini (blessure à la cheville) se retrouve au niveau de l’entrée de la surface de réparation. Alors qu’il est en passe d’ajuster son tir, le gardien germanique sort tel un Panzer et arrache tout sur son passage. L’arbitre M. Corver avait oublié ses lunettes ce jour-là… Au lieu d’exclure directement Harald Schumacher, qui avait commis une grosse faute flagrante, il plaisante avec le portier avant d’accorder un… six mètres qui provoque à juste titre la colère du sélectionneur Michel Hidalgo.
Merci Trésor et Giresse !
Révoltés par cette injustice et la sortie sur blessure de Patrick Battiston, les Bleus mettent le paquet pour trouver l’ouverture une seconde fois. Mais ils n’arrivent pas à le faire et on se dirige donc vers les prolongations. A la 93e minute de jeu, Marius Trésor délivre les supporters grâce à une reprise de volée exceptionnelle (2-1). Loin d’être rassasiés, les Français en veulent toujours plus et Alain Giresse expédie une frappe terrible six minutes plus tard qui ouvre la voie de la finale (3-1). Mais à la 102e minute, M. Corver va encore s’illustrer en oubliant de siffler deux fautes sur Alain Giresse et Michel Platini. Dans la foulée, la RFA contre-attaque à la vitesse de l’éclair. A la suite d’un centre venu de la gauche, Karl-Heinz Rummenigge gagne son duel et devance la sortie de Jean-Luc Ettori en déviant simplement le ballon du pied gauche en bon renard des surfaces (3-2). Après cette réduction du score, les Tricolores sont rongés par le doute et ne parviennent plus à bien sortir le ballon. Lors de la seconde période des prolongations, Klaus Fischer parvient à égaliser grâce à un superbe retourné acrobatique (3-3) à la 108e minute de jeu. En dépit de plusieurs nouvelles salves allemandes, les Français tiennent bon et obtiennent le droit de disputer une séance de tirs au but pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde.
Dans l’atmosphère étouffante de Séville, chaque frappe a un impact sur la suite des événements. Alain Giresse transforme la sentence et Manfred Kaltz réplique sans trembler. Tranquillement, Manuel Amoros fait mouche également après avoir pris seulement deux pas d’élan. S’ensuivent les tirs de Paul Breitner et Dominique Rocheteau qui font parler leur expérience. C’est au tour d’Ulrich Stielike de se présenter devant le gardien Jean-Luc Ettori. Ce dernier réussit l’exploit d’arrêter le tir et donc de mettre les Bleus sur des bons rails pour la qualification en finale. Alors qu’il pleure comme une madeleine et qu’il est effondré sur la pelouse, l’Allemand est réconforté par Pierre Littbarski. Le réalisateur filme cette scène poignante mais soudain un souffle traverse les tribunes du Stade Sánchez Pizjuán et redonne le sourire aux deux hommes. En effet, le Français Didier Six vient de manquer le coche.
France – RFA 1982, le rêve français est passé
Pour rassurer définitivement son ami Ulrich Stielike, Pierre Littbarski remet les pendules à l’heure. Michel Platini et Karlz-Heinz Rummenigge ont aussi le feu vert comme on dit. Le dernier tir tricolore est signé Maxime Bossis. Auteur d’un match cinq étoiles, le latéral s’élance mais Harald Schumacher parvient à repousser le cuir. Incroyable mais vrai : la RFA bénéficie d’une balle de match inespérée quand on se rappelle du scénario pendant une bonne partie de la rencontre et même du début de cette séance de tirs au but. Horst Hrubesch saisit cette occasion au vol et expédie le ballon dans les filets (3-3, 4 t.a.b à 5). C’est terminé. La France est éliminée par l’Allemagne qui chutera ensuite face à l’Italie en finale (1-3). Depuis pratiquement 34 ans, cette « Nuit de Séville » hante encore certains supporters français qui rêvaient du sacre de la génération Platini. Quatre ans après cette rencontre inoubliable, les Bleus chuteront encore une fois face à la RFA en demi-finales (0-2)… mais cette fois bien plus logiquement.