Bon nombre de personnes en Uruguay sont en deuil. Il faut dire qu’une légende de la Celeste est morte à la suite d’une crise cardiaque jeudi (hier). Il s’agit de l’ancien ailier Alcides Ghiggia qui a offert à l’Uruguay le sacre planétaire en 1950.
Si les amoureux du foot brésilien devaient désigner leurs pires bourreaux au cours des dernières décennies, ils placeraient très certainement Alcices Ghiggia dans leur « Top 3 » et sans doute même en tête. Il faut dire que cet ailier avait crucifié la Seleção lors du match décisif de la Coupe du monde 1950 entre l’Uruguay et le Brésil (2-1). Alors que le score était de 1 but partout entre les deux équipes, suite aux réalisations signées Albino Friaça Cardoso (Brésil) et Juan Alberto Schiaffino (Uruguay), Alcides Ghiggia avait surgi à la 79e minute de jeu et inscrit un but décisif, grâce à une frappe limpide du pied droit, qui avait propulsé la Celeste sur le toit du monde… et le Brésil en enfer. Après ce revers cuisant, les médias auriverde avaient trouvé le surnom de « Maracanazo » pour évoquer ce désastre qui avait plongé le pays dans une tristesse notoire.
De son côté, Alcides Ghiggia était devenu littéralement un héros national dans son pays natal. Trois ans après son exploit, il avait eu l’autorisation des dirigeants du Club Atlético Peñarol afin de tenter sa chance en Europe ce qui était vraiment rare pour un footballeur sud-américain à l’époque. Alcides Ghiggia s’était exprimé à l’AS Rome pendant sept ans (1953-1961), avec au passage 5 sélections pour le compte de la Squadra Azzurra italienne (!), puis au Milan AC (1961-1962). En guise de cerise sur le gâteau, le détonateur avait terminé sa carrière au Danubio FC (1962-1967) avec un statut de superstar incontournable. Après avoir rangé les crampons au vestiaire, Alcides Ghiggia était resté proche du milieu du football mais il avait fallu attendre l’année 1980 pour qu’il endosse le costume d’entraîneur au Peñarol… sans grand succès.
Nommé citoyen d’honneur de la ville de Montevideo en 2013, l’ex-joueur a été le dernier survivant du fameux « Maracanazo » avant de rendre son dernier souffle hier à l’âge de 88 ans. Si on excepte le sacre mondial de 1950, Alcides Ghiggia a aussi gagné deux titres de champion d’Uruguay (1949 et 1951), une coupe de la ville des foires (1960-1961) ainsi qu’un Scudetto (1962). L’année passée, l’Uruguayen avait indiqué par le biais de l’AFP que son but au Maracana était tout simplement « un souvenir magnifique » car il avait ensuite pris conscience d’avoir fait « quelque chose pour son pays ». Aujourd’hui, les fans du foot uruguayen et même mondial mesurent encore plus à quel point sa réalisation a changé le cours de l’histoire.