Comme tout les lundis, Foot Légende braque ses projecteurs sur une déclaration marquante, présente ou passée. Aujourd’hui, place à Aimé Jacquet qui avait tiré à boulets rouges sur L’Equipe en 1998 après avoir été souvent critiqué par certains intervenants de ce média.
Avant le coup d’envoi de la Coupe du monde 1998, tous les médias français n’étaient pas sur la même longueur d’ondes au sujet du sélectionneur Aimé Jacquet. Dans le camp de L’Equipe, force est de constater que le technicien tricolore ne faisait pas l’unanimité. Pointé du doigt pour son accent, sa syntaxe et bien sûr ses choix sportifs, l’ancien entraîneur de Bordeaux était critiqué régulièrement dans les colonnes de ce journal. On pense, par exemple, à l’annonce d’une liste élargie de 28 joueurs pour participer au Mondial.
A l’époque, le gros titre de L’Equipe était « Et on joue à treize ? ». En prime, le directeur de la rédaction, Jérôme Bureau, soulignait le fait qu’Aimé Jacquet n’était « pas l’homme de la situation » pour guider les Bleus vers un premier sacre planétaire. A ses yeux, le sélectionneur était « un brave type qui émet des soupirs » et certainement pas « un leader qui donne un vrai souffle ». Pour se « venger », Aimé Jacquet avait filé sa liste finale de 22 noms aux intervenants du quotidien Le Parisien plutôt qu’à ceux de L’Equipe.
La tension était montée d’un cran
Aussitôt ou presque, le directeur adjoint de la rédaction, Gérard Ejnès, avait parlé d’une « issue lamentable », pour les six recalés qui avaient dû quitter Clairefontaine, après ses éditos « Mourir d’Aimé » ou encore « Le retour des nuls » au cours des années précédentes. Cette fois, il avait misé sur le titre « Jacquet désenchanteur » pour illustrer son sentiment à propos du choix d’Aimé Jacquet. Gérard Ejnès mettait donc en avant le fait qu’Aimé Jacquet était presque un coupeur de têtes alors qu’il aurait pu, selon lui, former son groupe final bien avant.
Au final, l’équipe de France avait réussi à remporter le Mondial avec la victoire brillante en finale face au Brésil le 12 juillet 1998 (3-0). Sans surprise, Aimé Jacquet avait choisi de régler ses comptes avec L’Equipe après le coup de sifflet final. « On avait pris un capital de confiance extraordinaire. On avait été trahis par des journaux tout au long des années. La France a enfin vu qu’elle avait une grande équipe de France, qu’elle avait des grands joueurs qui défendaient le maillot français. » A la question de savoir s’il n’avait pas envie de tirer un trait sur ce conflit médiatique conséquent, « Mémé » avait alors haussé la voix.
La rancœur tenace de Jacquet
« Non, je ne pardonnerai jamais. Jamais je ne pardonnerai ! » Lors d’une émission diffusée après ce jour extraordinaire pour le foot français, Aimé Jacquet avait remis le couvert. « Il y avait un journal qui n’avait rien compris et (des journalistes) qui sont des incompétents. Malheureusement c’est le seul (quotidien) en France sportif. Je suis déçu et honteux pour eux. Mais c’est la vie. Ils paieront comme tout le monde. (…) C’est facile de venir à la soupe. Je n’ai que du mépris pour ces gens-là. Ce sont des très mauvais. » Dix-huit ans après ce bras de fer, Aimé Jacquet a tenu parole puisqu’il n’a jamais pardonné à Jérôme Bureau et Gérard Ejnès…