Entre 2000 et 2006, Robert Pirès avait porté le maillot du club d’Arsenal. Le milieu offensif polyvalent n’est pas près d’oublier un événement en particulier qui avait marqué la fin de son aventure chez les Gunners.
Lors de la saison 2005/2006, l’équipe d’Arsenal avait réussi à se hisser en finale de la Ligue des champions face au FC Barcelone. Pour y parvenir, les Gunners avaient éliminé, à compter des 8es de finale de la C1, le trio Real Madrid – Juventus Turin – Villarreal. A la 18e minute de jeu, les Londoniens avaient dû encaisser un coup dur puisque le gardien de but allemand Jens Lehmann avait été expulsé. Du coup, le manager d’Arsenal, Arsène Wenger, avait dû faire sortir un joueur de champ puis faire entrer Manuel Almunia. Malheureusement pour lui, c’était Robert Pirès qui avait été désigné par le coach français.
Dans les colonnes de L’Equipe, ce dernier n’a pas caché qu’il avait très mal encaissé ce remplacement. « Je n’y croyais pas. (…) Donc je ne regarde même pas le banc. Là, Titi (Thierry Henry) me dit : Rob, c’est toi qui sors. Je me retourne et je vois le n° 7 sur le panneau du 4e arbitre ! Je me dis : C’est pas possible… mais pourquoi moi ? », a regretté Robert Pirès. Pour le champion du monde 1998, c’était inespéré d’avoir l’occasion de disputer une finale contre le Barça qui plus est « au Stade de France devant toute ma famille ». A ce moment-là de la partie, le natif de Reims était « très énervé contre Arsène » et il prenait tout son temps pour quitter la pelouse.
Une blessure profonde pour Pirès
« Quand j’arrive à son niveau, nos regards ne se croisent même pas. Lui ne veut pas me regarder car il sait que c’est très dur pour moi. Moi, je ne veux pas le regarder car je sais qu’il fait une erreur. » Au final, les Blaugrana avaient réussi à remporter la C1 sur le score de 2 buts à 1. Marqué par sa sortie prématurée et ce revers cuisant, Robert Pirès n’avait « pas dormi de la nuit » et c’était « le moment le plus dur » de sa carrière. Cette soirée du 17 mai 2006 au Stade de France avait marqué la fin de l’aventure londonienne pour lui. Dès le lendemain, Robert Pirès voulait tourner la page et s’engager en faveur de Villarreal.
« Lorsque je rentre dans le bureau d’Arsène, il croit qu’on va parler de la finale. Mais le premier truc que je lui dis c’est : Je pars. Il ne s’y attendait pas. Il y a un silence et il me dit : J’avais imaginé tous les scénarios sauf celui-ci. T’es sûr de ta décision ? Tu es comme chez toi ici, c’est ton club. Je lui explique que oui, d’autant que Villarreal me propose deux ans de contrat alors qu’Arsenal ne m’en propose qu’un. » Après cela, les deux hommes avaient parlé du scénario de la finale. Arsène Wenger lui avait avoué que c’était « la pire décision » de son parcours de manager.
Wenger avait compris sa décision
« Ça m’a fait du bien de lui parler. À lui aussi je crois, même s’il a peut-être un peu culpabilisé par la suite en se disant que sans le vouloir, il m’avait fait partir. À la fin de la discussion, je le remercie pour ces six années ensemble, je me lève et on se serre la main. Ça a été respectueux mais pas d’effusions. » Aujourd’hui, le temps a fait son œuvre et Robert Pirès s’entend très bien avec Arsène Wenger qui est sur le banc d’Arsenal depuis… 20 ans.