Lundi (demain), Manchester City et Manchester United s’affronteront lors de l’International Champions Cup. Le premier « combat », depuis trois ans, entre Pep Guardiola et José Mourinho donnera-t-il lieu à des étincelles comme dans le passé ?
Barça – Inter, l’explosion de deux volcans
La rivalité entre Pep Guardiola et José Mourinho ne date pas d’hier. Alors qu’ils s’apprêtent à célébrer (ou pas…) leurs retrouvailles demain, l’Espagnol et le Portugais n’ont jamais songé une seule seconde à passer leurs vacances ensemble. Cela fait déjà 7 ans que ces deux-là ne s’entendent pas. Lors de leur quatrième confrontation officielle lors de la saison 2009/2010, Pep Guardiola dirigeait le FC Barcelone et José Mourinho l’Inter Milan. En phase de poules de la Ligue des champions, les Blaugrana et les Nerazzurri n’avaient pas pu se départager lors de la première manche (0-0).
Mais au Camp Nou, les Catalans avaient réussi à remporter un succès précieux grâce à des buts signés Gerard Piqué et Pedro (2-0). Après le match, José Mourinho avait admis, sans problèmes, que sa formation avait été dominée dans l’ensemble. Mais le « Special One » avait surpris tout le monde en laissant entendre qu’il avait trouver des failles dans la cuirasse du Barça. « Nous sommes loin d’être aussi forts que le Barça en termes de qualités individuelles et de profils. Comme équipe, le Barça est meilleur que nous. Mais si je devais jouer contre le Barça à nouveau demain, je serais déjà prêt. Si vous me disiez que l’Inter ferait face au Barça en demi-finales, je l’accepterais. »
Forcément, cette réaction était arrivée jusqu’aux oreilles de Pep Guardiola qui avait placé le nom du « Special One » dans sa liste noire. Hasard du calendrier, les deux équipes s’étaient retrouvées effectivement en demi-finales de la C1 cette saison-là ! Dominateurs au Stade Giuseppe Meazza (3-1), les Nerazzurri avaient eu toutes les peines du monde à contenir les assauts du Barça au Camp Nou (0-1) mais c’était bien eux qui avaient obtenu le droit de disputer la finale. Pari réussi pour José Mourinho ! Frustrés par cette élimination, les Barcelonais avaient crié à l’injustice. Pour eux, Daniel Alves aurait dû bénéficier d’un penalty.
Après avoir effectué une course folle sur la pelouse, avec l’index droit levé au ciel, pour célébrer la qualification en finale, José Mourinho avait remis une couche lors du point presse traditionnel. Il avait laissé entendre qu’il y avait une justice sur la planète foot et que le Barça était puni après avoir éliminé Chelsea – la formation qu’il dirigeait à l’époque – la saison précédente (0-0, 1-1) grâce à un arbitrage favorable. « Il y a un an, Chelsea pleurait et le Barça riait avec l’arbitre. Ils (les Barcelonais) s’étaient moqués de mes garçons. » A l’issue de cette saison 2009/2010, l’Inter Milan avait réussi à remporter la Ligue des champions grâce à un doublé de Diego Milito en finale contre le Bayern Munich (2-0).
Barça – Real Madrid, la tension montait d’un cran
Durant l’été 2010, José Mourinho avait été nommé officiellement au poste d’entraîneur du Real Madrid. De suite, les journalistes espagnols l’avaient interrogé à propos de ses futurs affrontements avec Pep Guardiola qui était toujours à la tête du Barça. Le Portugais avait tenté de calmer le jeu. Dès le premier Clasico, programmé en novembre, le coach espagnol et ses joueurs avaient infligé une correction à José Mourinho et ses troupes (5-0). En guise de vengeance, après l’épisode de la saison précédente, Pep Guardiola n’avait pas caché sa joie d’avoir battu son « ennemi ».
A compter du mois d’avril, le FC Barcelone et le Real Madrid allaient se livrer quatre duels en l’espace d’un peu plus de deux semaines. Après avoir pris un point précieux sur la pelouse du Stade Santiago Bernabeu (1-1), qui lui garantissait quasiment l’obtention du titre de champion d’Espagne, le club catalan avait chuté quelques jours plus tard en finale de la Coupe du Roi (0-1 a.p) dans une ambiance toujours plus électrique. Sans hésiter, Pep Guardiola avait taclé l’arbitre qui aurait dû, selon lui, accorder un but à Pedro. L’ailier espagnol avait été signalé en position de hors- jeu et cela n’avait pas plu à son coach. En guise de réponse, José Mourinho avait indiqué qu’on venait d’assister au début « d’une nouvelle ère » dans l’histoire du foot avec « un homme qui critiquait l’arbitre quand ce dernier prenait des bonnes décisions. »
Lors de leur troisième confrontation rapprochée, cette fois en demi-finales de la Ligue des champions c’était Pep Guardiola qui n’avait pas hésité à rallumer la mèche… avant le coup d’envoi. « Il l’a emporté en dehors du terrain pendant toute la saison. Qu’ils lui donnent une Ligue des champions pour qu’il puisse en profiter et rentrer avec à la maison. Dans cette salle, c’est lui le p… de chef et je ne peux pas lutter avec lui. » Le résultat du match disputé à Madrid était sans appel (2-0) pour le Barça et on se demandait franchement comment allait réagir José Mourinho. Il faut dire que le « Special One » avait été exclu du terrain par M. Stark après que ce dernier ait infligé un carton rouge au défenseur central Pepe.
Sans surprise, le coach du Real avait encore sorti la boîte à gifles. « Si je disais à l’UEFA ce que je pense et ressens, ma carrière se terminerait maintenant sur cette place. Je vais poser une question à laquelle j’espère un jour obtenir une réponse. « Pourquoi Ovrebo ? Pourquoi Busacca ? Pourquoi De Bleeckere ? Pourquoi Stark ? (…) Pourquoi ? Parce que il se passe les mêmes choses à chaque demi-finale. Nous parlons d’une équipe absolument fantastique. Alors pourquoi a-t-elle besoin de quelque chose de si évident que tout le monde le voit ? »
Pour lui, tous ces arbitres avaient fait du tort à ses différentes équipes (Chelsea et Real notamment) en prenant des mauvaises décisions. José Mourinho avait remis le couvert à propos de Pep Guardiola. « Pep Guardiola est un entraîneur fantastique mais j’ai déjà gagné deux Ligues des champions. J’aurais honte d’avoir triomphé avec le scandale de Stamford Bridge. S’il gagne cette année, ce sera avec le scandale du Bernabeu. J’espère qu’un jour Guardiola aura la chance de gagner une compétition brillante proprement sans scandales. » Malheureusement pour eux, les Merengue n’avaient pas réussi à refaire leur retard lors du deuxième acte (1-1). Avec un grand sourire, Pep Guardiola avait fait savoir qu’il venait de vivre « l’une des plus belles nuits » de sa vie. C’était mot pour mot, ou presque, la même phrase signée José Mourinho un an plus tôt suite au match Barça – Inter !
La saison d’après (2011/2012) avait débuté comme la précédente avec une cartouche envoyée par José Mourinho suite à la défaite du Real Madrid lors de la Supercoupe d’Espagne (2-2, 2-3). « Je ne vais pas dire que nous sommes heureux parce que nous n’avons pas gagné la Supercoupe. Ce serait hypocrite de ma part. Mais nous avions l’intention de jouer comme des hommes et de ne pas tomber au sol au moindre contact. » Pep Guardiola avait défendu bec et ongles ses joueurs, avec l’aide de Gerard Piqué, qui étaient pour lui victimes de la brutalité des Madrilènes.
Un autre affrontement lors de cet exercice avait marqué les esprits. En avril 2012, le Real Madrid avait mis un terme à une série noire contre le Barça lors d’un Clasico remporté sur le score de 2 buts à 1. Le club de la capitale espagnole avait brisé la série de 54 matches sans défaite à domicile des Blaugrana. Pep Guardiola avait déploré le fait que ses joueurs aient « vacillé au moment décisif ». Bizarrement, José Mourinho avait refusé de parler à la presse alors qu’il aurait pu s’enorgueillir de ce succès. En revanche, il ne s’était pas privé de tacler Pep Guardiola lorsque ce dernier avait fait part de sa décision de prendre une année sabbatique en fin de saison. « C’est sa vie mais pour moi c’est impensable. Il est plus jeune que moi mais je ne suis pas fatigué. »
Bayern – Chelsea, des retrouvailles express
Le 30 août 2013 allait donner lieu à un nouveau round entre Pep Guardiola et José Mourinho. En l’espace d’un an, ils avaient changé de clubs et signé respectivement au Bayern Munich et à Chelsea. A l’occasion de la Supercoupe d’Europe, ils allaient encore animer la scène médiatique (2-2, 5 t.a.b à 4 en faveur des Bavarois). Satisfait d’avoir pris l’ascendant sur le « Special One », Pep Guardiola avait valorisé la belle victoire collective de son équipe. Pour sa part, le Portugais l’avait mauvaise et souligné que « la meilleure équipe avait… perdu » à l’Eden Arena de Prague.
Par ailleurs, il n’avait pas apprécié la question d’un journaliste qui lui rappelait que Pep Guardiola l’avait dominé plus souvent si on prenait en compte l’ensemble de leurs confrontations directes (7 succès pour l’Espagnol, 6 nuls, 3 victoires du Portugais). « Vos statistiques sont fausses. Regardez ce qui était arrivé à l’Inter en demi-finales de la Ligue des champions. J’ai gagné la finale de la Coupe du Roi, la Supercoupe et j’ai été champion d’Espagne. »
Poussé dans ses retranchements, José Mourinho avait fait un peu machine arrière en admettant que le journaliste avait « peut-être raison » mais qu’au final cela n’était « pas important ». Pratiquement trois ans après cet épisode, Pep Guardiola et José Mourinho s’apprêtent à se retrouver demain dans le cadre du match amical entre Manchester City et Manchester United. Ce derby mancunien s’annonce chaud bouillant même si le technicien ibérique a promis de « serrer la main » à José Mourinho. Pas sûr que le prochain chapitre de leur histoire commune s’intitule « La détente ». Ces deux-là ont trop de casseroles en commun pour devenir des moutons calmes !