L’ancien sélectionneur Raymond Domenech est revenu sur l’un des épisodes les plus sombres du football français : Knysna 2010.
En ce 20 juin, nous fêtons un triste anniversaire : les 10 ans de l’épisode honteux de Knysna. Ce jour de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, où, en protestation du renvoi de Nicolas Anelka pour avoir insulté Raymond Domenech à la mi-temps du match précédent, les joueurs ont manifesté leur solidarité à l’égard de l’ancien attaquant en refusant de descendre du bus de l’équipe de France pour aller s’entraîner. Un feuilleton que beaucoup aimeraient oublier. A commencer par le sélectionneur de l’époque. Il se souvient de la lettre qu’il était venue lire face aux caméras.
« Le plus grave » selon Domenech
« J’ai presque honte de ma première pensée : ce n’est pas eux qu’ils l’ont écrite, il n’y a pas de fautes d’orthographe. Rétrospectivement, c’est cela qui est le plus grave : quelqu’un censé avoir la tête sur les épaules leur a écrit ce courrier, c’est ahurissant », a commenté Raymond Domenech auprès de L’Equipe. « Après, prendre la décision de lire la lettre (devant la presse), c’est une erreur totale. Ce n’était pas à moi d’assumer leurs responsabilités. J’ai manqué de lucidité », a-t-il admis.
Evra coincé par le manque de courage des indécis
« En fait, je me suis posé, comme je le fais souvent, c’est ma nature, en responsable de tout. Je ne sais pas qui a écrit cette lettre, je n’ai même pas cherché à savoir », a-t-il poursuivi, avant d’évoquer le cas Patrice Evra, capitaine de pédalo d’alors. « Je lui ai dit : ‘Mais vous êtes fous ! Vous êtes réellement fous !’ J’ai essayé de le convaincre. Il m’a souvent dit par la suite : ‘J’ai essayé aussi’ (de les convaincre). C’est vrai. On a beaucoup tapé sur Pat mais, en tant que capitaine, il s’est retrouvé coincé », a jugé l’ex-sélectionneur.
« C’est une sorte de loi de la meute. Plus que d’immaturité, je parlerai du manque de courage de ceux qui n’avaient pas de conviction réelle, de ceux qui suivaient le mouvement. Les responsables, ce sont ces indécis qui s’en foutaient », a tranché Raymond Domenech. Les responsables seraient donc plus les suiveurs que les leaders, ainsi que celui qui a écrit la lettre plutôt que les commanditaires ou le lecteur. Étrange conception des responsabilités…
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